Montagne l'été
L’été dernier, quelque part dans la vallée de l’Ubaye.
Le bruit de l’eau qui coule, des moutons, et des pas dans les cailloux. Le sifflement des marmottes. Beaucoup de pierre, car c’est le sud ici. Et donc du soleil aussi. De la joubarbe. Des campanules. Les animaux que l’on essaie d’apercevoir ou d’entendre. Les cairns, parfois fort artistiques. Le bourdonnement des insectes, les pattes débordantes de pollen, dont l’on peut observer les détails de tout près. Le cri d’un oiseau. Le silence, ou le bruit du vent sur une crète. L'odeur caractéristique du mélange des plantes que l'on trouve autour de 2000 mètres.
Et du temps, calme, que l’on n’a pas besoin de compter, pour marcher, regarder et sentir. Pas après pas, sans se presser. S’arrêter et lever les yeux pour regarder derrière soi. Regarder aussi où l’on va, mais sans connaître les détours qui y mènent. Ou au contraire, les lieux que l’on connaît déjà, et pour lesquels on se demande avant d’y arriver s’il y a encore de la neige cette année, ou si la mare est déjà asséchée, ou s’il y aura autant de linaigrette que l’année précédente.
Et la vie minérale, palpable, par une roche qui tombe, ou un pierrier qui avance, rappelant que le relief ancré là depuis un temps démesuré à l’échelle d’un homme bouge en réalité chaque jour.
Un ensemble à la fois imposant, amical, menaçant et fragile. Une présence.