Chef de famille

Il y a quelques jours, je réponds à un sondage téléphonique sur le recyclage des déchets. D’abord quelques questions préliminaires sur ma tranche d’âge, mon habitat …

Mon interlocutrice me demande alors la profession du chef de famille. « Chef de famille » est une appellation qui me choque toujours tant elle est éloignée de ma conception de la famille et de ce que je peux voir au quotidien. Un archaïsme pourtant souvent utilisé, et qui a l’air de ne déranger personne. Correspondrait-il finalement à une certaine réalité ? Donc, dans une famille, il y a un chef auquel on doit obéir, et implicitement, ce chef est l’homme. L’épouse obéit à son mari …

Habituellement, quand on me parle du chef de famille chez moi, soit je réponds qu’il n’y a pas de chef sous mon toit, soit je dis que je ne sais pas, et demande comment on le reconnaît.

Cette fois, j’ai choisi la seconde option. Réponse obtenue : le chef de famille est celui qui a le plus gros revenu à la maison. Je m’attendais à ce qu’on me dise : « c’est le père », mais non. Formidable réponse plus perverse il me semble : le pouvoir par l’argent au sein de la famille.

Quand on sait que ce sont généralement les femmes qui limitent leur activité professionnelle pour s’occuper du foyer, et qu’elles ont par ailleurs une rémunération inférieure aux hommes pour une fonction équivalente, la boucle est bouclée : chef de famille = plus gros revenu = homme.

Gagner de l’argent justifie de commander. Ce qui a de la valeur au sein d’une famille, c’est l’argent. Quand on est présent pour élever ses enfants (jours et nuits), que l’on milite dans des associations, que l’on fait les courses, le ménage … l’on obéit. Ces tâches n’ont sûrement pas grande valeur. Oublions la gratuité.

Après l’école et les hôpitaux, concevons les familles comme une entreprise. Avec un chef légitimé par l’argent. Nous vivons une époque moderne, dirait un chroniqueur radiophonique que j’apprécie. Je comprends pourquoi notre Président a été élu …