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A quatre mains
25 avril 2009

Récit de la naissance de Petite Troize

P10

Samedi soir, 31 janvier 2009, nous allons à une soirée d’anniversaire. En route pour nous y rendre, je remarque que le trajet en voiture m’est désagréable, avec mal au ventre et contractions. Habituellement, la voiture ne me fait aucun effet. Mais bon, l’état de la route n’est pas très bon … Et rien de particulier pendant la soirée, ni lors du trajet du retour.

Nous nous couchons vers 2 heures du matin.

Réveil à 5H30 avec des sensations inhabituelles : des contractions, certainement, mais pas comme celles que je ressens occasionnellement depuis des semaines : au lieu de serrer tout le ventre, de haut en bas, c’est une douleur au bas du dos et un pincement au bas du ventre. Après que cela ait recommencé plusieurs fois, je surveille l’heure pour observer la fréquence : ça revient régulièrement, toutes les 8 à 10 minutes.

A 6H30, je réveille Le Papa, lui expliquant que je ne suis pas sûre que … mais que peut-être bien que … J’ai froid. Il constate que, lors de mes accouchements précédents, j’avais également froid et « faisais la même tête ». Il en conclut que c’est le moment… Il appelle sa mère pour qu’elle vienne s’occuper des garçons. Puis il réveille l’aîné et lui explique la situation. Derniers préparatifs rapides, et nous partons.

En montant dans la voiture, je vois mon fils aîné nous regardant à la fenêtre. Je lui fais un signe que je veux amical, et il part. Il me dira plus tard qu’il a compris que je voulais dire « retourne dans ton lit ». Amitié ratée.

Après un trajet choisi pour éviter les ralentisseurs, nous arrivons à la maternité. Nous croisons les équipes terminant à 7 heures en train de partir.

Mon dossier est examiné, quelques questions. Les contractions sont fortes, dans le bas du dos, mais j’ai un moment de repos entre chaque. Deux sages-femmes arrivent. Monitoring. Les contractions sont bien là, à l’œuvre. Le cœur de Petite Troize réagit bien. Col seulement à 3, je suis déçue : beaucoup reste à faire comparativement à la situation lors de mon arrivée à l’hôpital pour mon second accouchement (il faut dire que cette fois, la poche des eaux ne s’est pas encore rompue). Prise de sang, car le bilan sanguin des 15 jours avant l’accouchement n’a pas encore été fait. Voie veineuse posée. Les sages-femmes m’expliquent que Petite Troize est déjà  très bas, ce qui explique les contractions douloureuses ressenties dans le dos. Une d’elles me masse le bas du dos, ça fait vraiment du bien. Elle montre à Mon Homme comment faire de même ;

Le Père téléphone : les grands-parents ont bien pris les aînés en charge.

Nous nous installons en salle de naissance. Mon Homme et moi prenons notre rythme. Je suis assise au bord de la table d’accouchement, et à chaque contraction je m’accroche à son cou pour m’étirer pendant qu’il me masse le dos. Je lui indique peu aimablement où masser et lui réclame de le faire plus fort, puis je lui demande d’excuser ma façon de parler. Le temps passe. La sage-femme vient de temps en temps nous rendre visite. Elle est chaleureuse. Je me demande si elle a pris connaissance de mon projet de naissance.

J’entends un nouveau-né pleurer dans la salle voisine, et je réalise vraiment pour la première fois que je vais voir, toucher ma fille dans quelques minutes. Cela devient réel pour moi.

Le bilan sanguin est prêt, et la question m’est posée : est-ce que je veux une péridurale ? Ouverture du col à 6, encore moins que lors de mon arrivée à l’hôpital pour la naissance finalement sans péri de bb2 . J’hésite. J’aurais voulu m’en passer, pour ne pas risquer de renouveler les difficultés rencontrées avec mon aîné lors de l’expulsion. Et aussi pour me prouver que je peux m’en tenir à mon souhait initial malgré la douleur et la tentation de la péridurale proposée. Mais je crains que le travail dure encore longtemps, et que je n’arrive plus à gérer la situation correctement. Alors, ma réponse est oui. Sans que j’ai même pensé à me renseigner sur l’heure pour évaluer la vitesse d’avancée du travail.

Péridurale posée par un anesthésiste qui ne semble pas ravi d’être là.  Je reçois la première dose, et a douleur diminue aussitôt, tout en restant bien présente. La sage-femme m’engage à m’allonger, mais je refuse car j’ai encore mal et je veux garder ma position, et les massages de Mon Homme. Il plaisante, en me disant que vue la vigueur des massages demandés, il a mal aux bras et aimerait bien se reposer un peu. La sage-femme n’insiste pas et nous dit qu’elle va s’absenter et revenir d’ici une vingtaine de minutes, voir l’avancée des choses quand la péridurale aura agi.

Mais à peine est-elle partie que la poche des eaux se rompt. Sensation déjà connue. J’envoie Mon Homme chercher la sage-femme. Les contractions font beaucoup plus mal , et j’ai envie de pousser. Mon Homme revient en disant que la sage-femme arrive. Je lui demande de la faire venir tout de suite, car j‘ai vraiment envie de pousser. Elle arrive, en plaisantant sur le fait quelle n’a même pas eu le temps de prendre son café convoité.

Je m’installe, à moitié allongée, à moitié assise tandis que la sage-femme et une « assistante » s’affairent dans la salle. Puis la sage-femme me donne consigne de pousser. Nous y voilà. Les dessins vus lors de mes séances de préparation à l’accouchement me reviennent en tête, avec mes commentaires d’alors : « c’est pas possible que ça passe ! » et « ça doit faire mal ».Mais bon, il fut bien passer par là, je suis au pied du mur. Alors je pousse Je n’ai pas l’impression que ce soit efficace, mais la sage-femme et mon mari me disent que si. Ca fait effectivement mal. Une fois la contraction terminée, la  sage-femme m’engage à continuer de pousser. Cela me semble étrange, mais je m’exécute. Puis je la vois sortir un ustensile ressemblant à des ciseaux. J’arrête net de pousser.

Moi : «  il va bien mon périnée ? »

Elle, comprenant de quoi il s’agit et souriant:  « ce sont mes ciseaux qui vous font peur. Vous avez eu une épisio pour vos accouchements précédents ? »

Moi : « non »

Elle ; « et bien on va faire pareil cette fois-ci. »

Soulagement. J’étais prête à batailler.

Encore une poussée et la tête de ma fille est sortie. Je l’entends crier. Je pousse encore. J’entends la sage-femme dire au papa qu’elle ne peut pas lui proposer de couper le cordon, qu’elle doit le faire elle-même tout de suite, pour une raison que je ne comprends pas bien. Mais ça lui est égal. Il est  9 heures 50. Mon bébé est tout contre moi, dans mes bras. Je le regarde. Sa présence est une évidence. Puis la sage-femme prend ma fille, pour le test d’Apgar, la mesurer et la peser avec le papa. Je laisse faire, mais je lui dis que je ne veux pas d’aspiration. Ca ne lui pose pas de problème.

La sage-femme m’appuie sur le ventre pour faire sortir le placenta, en m’annonçant que ce ne sera pas « sympathique ». Je confirme, très désagréable. Mais je n’ai pas jugé nécessaire ici de refuser son intervention.

Ma fille est contre moi, en peau à peau. La sage-femme nous explique qu’elle est contente de cet accouchement, alors qu’elle était stressée parce qu’elle n’en avait pas fait  depuis longtemps. Elle nous en remercie, puis elle nous quitte. Mon Homme rentre à la maison voir ses fistons. Je reste seule avec ma fille. Elle dort contre moi. Je lui parle. Elle tète.

Au bout d’un long moment, la sage-femme revient et m’explique qu’il n’y a pas de lit disponible, et qu’il faut attendre une sortie pour pouvoir m’installer dans une chambre. Ma fille est habillée, je me lève pour faire de même. On me sert un plateau repas. Je remercie le hasard de ce retard qui m’offre un moment de répit en intimité avec ma fille avant d’affronter la présence immanquable des grands-parents. A 15  heures, je quitte la salle d’accouchement à destination d’une des chambres de la maternité.

Voilà, c’était un bel accouchement. Le plus réussi des trois. Mon regret est de ne pas m’être passée de péridurale.

Je crois que mon projet de naissance que j’avais pourtant placé en évidence dans mon dossier n’a pas été lu. Mais cela n’a finalement pas d’importance, puisque tout s’est déroulé dans le calme,  et que j’ai pu discuter avec la sage-femme et faire respecter mes souhaits quand cela se posait.

Merci à la sage-femme, qui a su être à la fois chaleureuse, respectueuse et discrète.

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