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A quatre mains
1 octobre 2013

Journées Européennes du Patrimoine : la Manufacture des Gobelins

 

enfants du paradis         Des années à passer devant ou à proximité de la Manufacture des Gobelins, et je n'y avais jamais mis les pieds. Les Journées Européennes du Patrimoine de septembre dernier ont été l'occasion de revenir sur cet oubli et de découvrir un véritable monde à part dans le coeur de Paris, un havre de verdure au-dessus de la Bièvre isolé des bruits du métro ou de l'abondante circulation tout proches.

 

       C'est au XVème siècle que remonte l'installation au bord de la Bièvre d'un teinturier appelé « Gobelin », laissant à l'onde voisine le surnom de « rivière des Gobelins ». Henri IV, puis Louis XIV encouragent cette industrie, avec notamment la création de la Manufacture royale des Meubles de la Couronne en 1667. Cette dernière avait pour but, sur l'impulsion de Colbert, de réunir des tapissiers, lissiers, orfèvres, ébénistes ou encore peintres talentueux de toute l'Europe afin de meubler au mieux les palais du Roi. Les Gobelins sont alors achetés pour accueillir ces nombreux ouvriers. Le travail de tapisserie y devient tout particulièrement remarquable.

 

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       La traversée des siècles a modifié l'architecture des lieux, faits d'ajouts et de reconstructions, notamment lors des travaux d'Haussmann, ou de l'incendie d'une partie des bâtiments pendant la Commune de Paris. Par ailleurs, plusieurs institutions ont été réunies sur le site, entraînant par là la construction de nouveaux ateliers. Ainsi trouve-t-on aujourd'hui sur place les manufactures des Gobelins - où oeuvrent désormais trente-cinq lissiers -, mais également de Beauvais - fondée en 1664, cette manufacture spécialisée dans les pièces pour particuliers se trouve nationalisée avant la Révolution, envoyée pour partie aux Gobelins en 1826, puis de nouveau plus d'un siècle plus tard après la Seconde Guerre mondiale et la destruction de Beauvais, avant de retourner partiellement sur son site d'origine, laissant vingt lissiers à Paris - et de la Savonnerie. Instituée en 1627 par Louis XIII, cette dernière s'installe également aux Gobelins en 1826 pour rejoindre de nouveaux ateliers. Quarante lissiers y travaillent encore. La production de ces manufactures reste entièrement réservée aux besoins de l'Etat, et de ses cadeaux diplomatiques.

 

     Les Journées du Patrimoine permettaient de découvrir les ateliers et les spécificités de chacun, les techniques de tapisserie se divisant entre haute lisse (tissage installé de façon verticale) et basse lisse (tissage horizontal). Les portes ouvertes étaient donc l'occasion de rencontrer des ouvriers et des étudiants très disponibles pour exposer et expliquer leurs méthodes de travail.

 

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 Il s'agit, sur cette tapisserie très abîmée, de reconstituer le maillage du fil de chaîne, lequel servira

ensuite de support au fil de trame, qui apportera couleurs et motifs.

 

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Exemple de restauration d'une tapisserie à partir du fil de chaîne :

 

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    On distingue donc deux types de tissage, l'un vertical (le tissage de haute lisse), et l'autre horizontal (dit de basse lisse).

 

Métier de haute lisse :

 

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       « Dressé verticalement, le métier est constitué de deux montants appelés jumelles ou coterets qui maintiennent deux ensouples (rouleaux), celle du bas recueillant le tissu et celle du haut accueillant la réserve de fils de chaîne. Les fils de chaîne sont séparés en deux nappes par des bâtons de croisure (appelés aussi bâtons d'entre-deux). Le lissier travaille face à la lumière sur l'envers de son ouvrage, contrôlant celui- ci sur l'endroit à l'aide d'un miroir. Il se retourne pour voir derrière lui son carton (ou modèle). Chacun des fils de chaîne de la nappe arrière (par rapport au lissier) est muni d'une lisse (cordelette de coton qui en fait le tour) et permet de ramener à l'avant cette nappe arrière ; la nappe avant reste fixe. Muni d'une broche (ou navette) le lissier introduit ses fils de trame entre les fils de chaîne puis ramène d'arrière en avant la nappe arrière avant d'effectuer le retour avec la même broche. Il va ainsi recouvrir totalement la chaîne avec la trame, particularité essentielle d'une tapisserie ou tissu à effet de trame. »

 

Métier de basse lisse :

 

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        « La basse lisse se rapproche beaucoup de la haute lisse. En tout état de cause, le résultat est techniquement identique. Le lissier dispose de marches (ou pédales), reliées par des lisses aux fils de chaîne pairs ou impairs. L'une des marches permet d'ouvrir la chaîne en deux nappes, l'autre de les croiser. Le lissier effectue ses duites (allers et retours de fils de trame) au moyen d'une flûte (ou navette) et ramène ces duites les unes contre les autres au moyen d'un grattoir (patte métallique munie de dents). Le lissier tasse ensuite les duites soigneusement à l'aide d'un peigne (comme on le fait aussi en haute lisse). Le carton sera ici directement glissé sous les fils de chaîne après avoir été reproduit à l'envers sur un papier toilé au moyen d'un calque. On travaille toujours sur l'envers de l'ouvrage et l'on contrôle l'endroit au moyen d'une glace. Le gain de temps est suffisamment important pour que la basse lisse ait progressivement supplanté la haute lisse dont les très grands métiers permettent cependant de tisser des pièces plus monumentales.» *

 

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      Quelques vues et textures colorées encore avant de vous quitter...

 

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* Explications fournies par Hugues Menes sur le site de la Manufacture des Gobelins (http://manufacturedesgobelins.fr/manufacture_des_gobelins.001000.fr.html) 

 

 

 

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Commentaires
A
haaaaan que j'aurais aimé t'accompagner, après avoir tellement bossé dessus (sujet du caplp, le luxe sous louis XIV)
I
Oui, c'était vraiment super à découvrir. Découvrir les petites cours montpelliéraines doit être bien agréable aussi :)
M
Et c'est toujours chouette de découvrir les merveilles que recèlent les villes que l'on croît trop bien connaître ! A Montpellier de temps en temps on ouvre les hôtels particuliers... et surtout les cours et jardins !
M
Que de beaux métiers pour cet artisanat d'art, dans un si beau lieu... Merci pour la restitution des explications :-)
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