Etat des lieux (22)

Tu parles de plus en plus et de mieux en mieux. Chaque jour, des mots nouveaux apparaissent, parfois déformés, parfois non.

Mes préférés sont : « pouc » pour coupe, « cocholat » pour dire… tu devineras quoi, et « méci ! ».

Tu nommes maintenant chacun des tes grands frères par son prénom, le plus jeune des deux étant désigné, de façon raccourcie, par « Is ». Tu dis aussi, de nombreuses fois par jour « c’est à moi ! ».

Tu es fanatisée par Kirikou. Tu regardes avec application et nombreuses manifestations de joie les deux dessins animés présentant les aventures de Kirikou. Tu les réclames sans cesse. Ton grand frère a eu la gentillesse d’emprunter pour toi à la bibliothèque de son école un livre sur Kirikou. Grand succès.

Avouons-le, même si j’apprécie grandement tes goûts, nous nous lassons un peu. Alors nous avons essayé d’autres dessins animés, mais sans grand succès.

Visite chez le médecin, et bien sûr pesage. Prise de poids de 600 grammes en deux mois, malgré ta grève de la faim. Je pavoise.

J’ai alors eu l’idée saugrenue de dire au médecin que tu ne mangeais plus chez la nourrice. Il a d’abord avancé qu’il avait dû se passer quelque chose, ce qui me paraît sensé. Puis il a décidé que tu faisais cela parce que tu ne voulais pas grandir, et t’as annoncé que « Maman aimait bien les bébés, mais qu’elle aimait aussi beaucoup les grandes filles ». Puis dans la foulée (mais pourquoi donc, y aurait-il diantre un lien dans son esprit ?), il m’a demandé si tu tétais encore, puis si tu tétais une ou deux fois par jour. Moi, mi confiante, mi provocatrice : « plus que ça, mais je ne sais pas combien de fois ». Silence. Pas de commentaire. Sûr, j’aurais dû me taire.

Toujours est-il que tu as décidé de manger à nouveau chez la nourrice, et de fort bon appétit en plus. La nourrice a retrouvé le sourire. Nous ne saurons pas ce qui s’est passé dans ta petite tête. Depuis la visite chez le médecin, je ne t’ai plus pesée.

Tu aimes beaucoup les comptines mimées, et tu y participes par geste. Je remercie ma fréquentation des écoles maternelles de m’avoir procuré un répertoire suffisant pour te satisfaire. Tu aimes aussi beaucoup chanter Bateau sur l’eau, en boucle.

Tu veux toujours tout faire toute seule. C’est parfois fort délicat. Mettre ses chaussettes, ou même son manteau est une opération difficile pour une petite fille de même pas deux ans. Il en est de même pour de nombreux déplacements acrobatiques. Mais te prêter assistance quand tu as décidé de faire seule est fort déconseillé, sous peine de te voir protester, puis retourner en arrière pour tout recommencer au début. Ainsi, tu peux, si tu es froissée d’un quelconque petit coup de pousse pour monter l’escalier, redescendre toutes les marches déjà franchies laborieusement (sur les fesses, en refusant toute aide, et avec brio), pour recommencer à monter l’escalier TOUTE SEULE. Il faut beaucoup de diplomatie, de vigilance, et ne pas être pressé.

Tu es toujours aussi drôle et charmante.