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A quatre mains
29 décembre 2007

Où accoucher en France ? (ou, suis-je une hippie ?)

  • P10 Le film Le premier cri est sorti il y a quelques semaines. Le relatant, un journaliste de Télérama évoque une «hippie canadienne» qui «préfère  [accoucher] à son domicile et laisser faire la nature». Je n’ai pas vu ce film, et je ne connais donc rien de cette dame. Sans prêter d’intention au critique du journal précité, je me demande ce qui peut bien susciter le qualificatif de «hippie». Le seul fait qu’elle veuille accoucher chez elle, ou autre chose ? Et est-ce péjoratif ?

Petit retour en arrière. Fils-Deuxième-Né naît fort précipitamment lorsque j’arrive à l’hôpital. Pas le temps d’être approchée par la moindre aiguille, pas de monitoring, et bien sûr, pas de péridurale. Puis enfin, il ne se passe plus rien, repos. Les sages-femmes sont occupées à tous les soins désagréables prodigués à mon fiston, sans m’avoir demandé la moindre autorisation à ce sujet, ni même donné la moindre information.

Puis elles s’avisent que le placenta doit sortir, tout de suite. Puisqu’il ne vient pas tout seul, elles veulent aller le chercher : l’hémorragie est à la porte, c’est certain. Mais moi, je ne veux plus qu’on me touche, vraiment plus du tout. Petit répit, qui a duré une vingtaine de minutes m’a-t-on dit ensuite. Mais je ne veux toujours pas qu’on me touche. Les sages-femmes demandent alors au Papa de bien me tenir, pour pouvoir accomplir de force ce qu’elles souhaitaient faire. Ce qui fut fait, ce dernier ayant des raisons personnelles compréhensibles d’obtempérer.

Pensons donc ici à la Charte du patient hospitalisé, article 4 : « un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient. ». (Voir également dans le même sens article L 1111-4 du code de la santé publique.)

Par ailleurs, la nécessité d’une expulsion rapide du placenta est contestée actuellement, et, dans mon cas, il ne m’a pas été indiqué qu’un risque particulier d’hémorragie existait.

Après cela, je n’ai plus du tout envie d’accoucher à l’hôpital. Suis-je une hippie, parce que je ne veux pas que l’on dispose de moi de cette façon ?

Je ne parle pas ici de mon premier accouchement dans le même hôpital, sous péridurale. J’étais shootée, trouvant que tout ce qui pouvait arriver était très bien. Et j’étais aussi alors bien docile.

Ajoutons une collection d’éléments fort peu réjouissants.

En premier lieu, les chambres. Ce sont des chambres de deux, les chambres individuelles étant réservées aux situations « à problème ». Impossible de dormir. Quand ce ne sont pas les visites reçues par l’une ou par l’autre, la joie du défilé du personnel médical, il reste les tétées des bébés, environ toutes les deux heures pour chacun, nuit comprise, et qui bien entendu n’ont pas lieu en même temps. Quand par bonheur, quelques minutes de silence surviennent dans la chambre, il y a bien toujours quelques pleurs sonores à l’étage. Et surtout, conseille la famille en visite : « profite bien de tes quelques jours à l’hôpital pour te reposer !».

Ensuite, les mille petites et grandes emprises du corps médical.

● Exemple : transfert dans la chambre après la naissance. Une puéricultrice emporte immédiatement Fils-deuxième-né pour le peser. Il vient juste d’être pesé par les sages-femmes, mais il est probablement indispensable de recommencer. J’attends son retour pendant plusieurs heures, sans bien sûr qu’il soit jugé nécessaire de me dire pourquoi.

● Exemple, déjà évoqué : les soins douloureux infligés aux nouveaux-nés, sans choix laissé aux parents, et même sans les en informer, alors même que la nécessité de ces soins est contestée.

● Autre exemple : ma voisine souhaitant bien débuter son allaitement , et n’ayant pas trop le moral, confie son bébé aux puéricultrices, en demandant qu’il lui soit ramené pour téter et ne reçoive pas de biberon. Promesse lui en est faite. Puis son bébé lui est plus tard ramené par une puéricultrice qui claironne : « alors on lui a donné un biberon, tout s’est très bien passé. »

Non, vraiment, je n’ai aucune envie d’accoucher à nouveau à l’hôpital dans ces conditions.

Bien sûr, il s’agit d’une maternité de niveau 3, offrant toute les possibilités médicales imaginables, et donc une « sécurité » pour la mère et le nouveau-né en cas de problème médical. Oui, mais à quel prix ? Devient-on pour cela une chose manipulable à volonté, sans neurones, incapable de décider pour elle-même, et qui n’a qu’à obéir sans protester ?

Alors quelles alternatives, si j’ai le bonheur d’accoucher une nouvelle fois ?

Trouver un hôpital ou une clinique plus respectueux ? Il ne faut pas que ce soit bien loin de chez moi, au train où sont allées les choses lors de mes deux accouchements, sinon j’accouche dans la voiture.

Une maison de naissance, permettant d’accoucher  avec une sage-femme choisie, dans les conditions que l’on a souhaité ? Un tel lieu est prévu à proximité de chez moi. Les locaux sont prêts je crois, mais son ouverture est sans cesse repoussée. Aucune maison de naissance n’est à ce jour en fonctionnement en France.

A nouveau dans le même hôpital que pour mes deux accouchements, mais en ayant préalablement bien fixé les conditions dans un projet de naissance ? Cela serait peut-être accepté, bien que je n’imagine pas les autoritaires sages-femmes présentes lors de mon deuxième accouchement respectant un projet de naissance. J’ai entendu dire que, dans cet hôpital, une hospitalisation à domicile est possible après 48 heures passées à la maternité. Mais je ne veux pas y rester même 48 heures. Il me resterait alors à organiser quand même mon hospitalisation à domicile, c’est-à-dire trouver une sage-femme libérale qui ne rentre pas dans le système mis en place à l’hôpital. Ce n’est pas gagné…

Autant dire dans ces conditions qu’un accouchement « humanisé » dans une structure n’est pas quelque chose de commodément accessible.

Voilà je trouve de quoi donner envie d’accoucher chez soi, même si je ne m’y sens pas prête pour plusieurs raisons (reste de l’emprise du discours dominant sur moi ? Ou réalité d’un risque ?).

Tout cela pour arriver finalement à une question fort essentielle : suis-je une hippie ou non ? Il y aura bien quelqu’un pour en juger…

Des liens :

Sur les maisons de naissance :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_naissance

Sur les projets de naissance :  http://www.projetdenaissance.com/categorie-628658.html

La charte du patient hospitalisé : http://www.sersante.com/chartepatient/

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